Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Actualités


Cliquer ici pour consulter le dernier lien (Dimanche 19 Mai 2024 - Dimanche de la PENTECÔTE - Année B)

 

Inscription Catéchisme

N'hésitez pas à prendre contact avec Isabelle Briand pour inscrire vos enfants au catéchisme ou pour tous renseignements relatifs au catéchisme : isabelle.briand@lille.catholique.fr 

Bienvenue sur notre blog

Ce blog paroissial, il est pour vous !... Il sera ce que vous en ferez !
Alors, allons-y, quel que soit notre âge...
Partageons nos nouvelles, nos envies, nos idées, nos bons mots, nos questions, en essayant de rester positif et constructif.
Adresse mail de la paroisse : paroisse.fachesthumesnil@numericable.fr

 

publié le 29/06/2018 à 11:03

http://www.lavie.fr/blog/mahaut-herrmann/les-alternatives-durables-sont-elles-ecologiques,5083

La consommation « durable » est à la mode. Elle a pourtant, elle aussi, un lourd impact environnemental.

Buah kelapa sawit (46)

 

Parmi les gestes écologiques plébiscités au quotidien, l’achat de produits sans huile de palme est en bonne place. La production de cette huile, omniprésente dans les produits agroalimentaires et hygiéniques, est en effet responsable d’une déforestation massive en Indonésie qui conduit à la disparition des forêts primaires du pays et à la disparition de la biodiversité que celles-ci abritent. Les écologistes sont donc sensibilisés depuis longtemps à cette cause. Mais voici qu’un rapport publié mardi 26 juin est venu semer le trouble. L’Union Internationale pour la conservation de la nature estime en effet qu’« interdire l’huile de palme augmenterait très certainement la production d’autres cultures oléagineuses pour répondre à la demande d’huile, et ne ferait ainsi que déplacer, sans arrêter, l’appauvrissement significatif de la biodiversité à l’échelle mondiale causé par l’huile de palme ». Même si 193 espèces considérées comme menacées par la Liste rouge de l'UICN le sont en partie en raison des exigences de la culture des palmiers, la moitié de la population mondiale utiliserait cette huile pour leur alimentation. L’interdiction totale de l’huile de palme conduirait donc à un report sur d’autres cultures oléagineuses encore plus gourmandes en terre et tout aussi nocives pour la biodiversité, comme le colza, le soja ou le tournesol. L’huile de palme est une catastrophe écologique, mais ses alternatives seraient une catastrophe encore plus grande.


La situation rappelle les griefs portés par les protecteurs de l’environnement à l’énergie éolienne ou aux usines à biomasse, qui se veulent pourtant des alternatives « vertes » au nucléaire, au charbon ou au gaz. En Corrèze, un projet d’usine à biomasse veut utiliser les pellets torréfiés des souches et des restes de branchage jonchant le sol des forêts du plateau de Millevaches après les coupes rases. Or, selon les spécialistes du sol forestier, ces éléments sont en réalité essentiels pour la régénération des sols. D’autres régions d’Europe, où la fourniture d’énergie par biomasse est bien plus répandue qu’en France, doivent épandre en catastrophe des cendres de bois sur ce qu’il reste des sols forestiers pour leur redonner un peu de vitalité. Les opposants au projet de Millevaches dénoncent aussi la pollution atmosphérique que cette usine va engendrer. Un autre projet d’usine à biomasse, à Gardanne, menace la châtaigneraie cévenole, riche en biodiversité, ainsi que des forêts de pente peu ou pas exploitées jusque-là car sans valeur sylvicole, mais qui, par leur seule présence, protège les versants de l’érosion. Le souci est le même avec les formes que prennent actuellement les éoliennes. Celles-ci sont en effet source de perturbation pour l’avifaune terrestre et sont une cause de mortalité pour les oiseaux ou les chauves-souris, par collision directe, par barotraumatisme (implosion ou explosion des organes liés au brusque changement de pression atmosphérique crée par le mouvement des pales) ou par destruction de leurs habitats. L’aménagement d’un parc à éoliennes a aussi des conséquences pour la flore locale dont il est souvent synonyme de destruction. L’éolien marin n’est pas épargné. Sur la côte d’Opale, un projet de parc éolien en mer alarme la direction du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d’Opale. Celle-ci pointe les risques des futures installations pour les mammifères marins et les poissons. Toutes ces situations ont un point commun : elles sont présentées comme des alternatives énergétiques « propres » mais leur impact sur la biodiversité et la nature est bien réel.


Que ce soit pour les huiles végétales ou les énergies « durables », « propres » ou « renouvelables », les impacts écologiques des solutions alternatives mettent en évidence quelque chose parfois rapidement oublié : tout ce qui se veut renouvelable ou durable n’est pas pour autant écologique. De fait, la consommation durable cherche d’abord à changer sa source d’approvisionnement mais ne cherche pas forcément à remettre en cause la quantité consommée. Les énergies « durables » n’ont pas pour but une baisse de la consommation énergétique mais le maintien d’une consommation énergétique forte grâce à une ressource inépuisable, l’impact « par ailleurs » de cette consommation effrénée et de ce qu’elle permet étant laissé de côté. De même, les réflexions sur les alternatives à l’huile de palme cherchent à fournir autant d’huile végétale que nécessaire pour la consommation mondiale sans chercher à faire baisser celle-ci.

 

Un livre récent de Grégoire Souchay, Le mirage éolien (mai 2018, éditions Seuil-Reporterre), met en évidence les deux visions du monde qui s’opposent autour des ressources « propres » ou « renouvelables ». « Ces conflits révèlent une fracture entre deux visions de l’écologie : développement durable et acceptation du capitalisme versus sobriété et désir d’émancipation. Les uns raisonnent en entrepreneurs, les autres critiquent les effets politiques et sociaux sur une communauté de vie. Les uns se veulent spécialistes de l’énergie, les autres parlent de paysages et de protection de la nature », écrit Reporterre dans sa présentation du livre. Le débat autour des huiles végétales ou des centrales à biomasse le prouve suffisamment : la crise écologique est multifacettes. Ce n’est pas qu’une crise des approvisionnements en telle ou telle ressource. Il ne suffira pas, pour y échapper, de trouver des alternatives « durables », inépuisables, aux ressources minérales finies pour continuer à consommer toujours plus. La pression mise sur la planète en tant que système vivant ne fera que s’accroître jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. C’est vers la décroissance de la consommation et le choix de la sobriété heureuse qu’il faudra aller avant que l’effondrement des écosystèmes ne nous entraîne nous aussi. L’état de la biodiversité apparaît ainsi comme l’un des indicateurs, peut-être l’indicateur le plus fiable à partir duquel jauger ce que nous pouvons encore nous permettre, ou pas.
 

Image : Wagino 20100516 [CC BY-SA 3.0], from Wikimedia Commons

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article