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Un pape sans télé, dans la réalité

posté par Sébastien Maillard le Vendredi 26 juin 2015

Il y a au moins un point commun entre l’encyclique Laudato si’ et l’Instrumentum laboris, le document de travail pour le Synode, parus à quelques jours d’intervalle : ces deux textes partent de la réalité. Celle de l’état actuel de la planète, celle de l’état des familles. Cette démarche est un trait caractéristique de la méthode Bergoglio, selon qui « la réalité est plus importante que l’idée ». Il n’y a rien que semble redouter plus le pape qu’être prisonnier d’une idéologie, de raisonner in abstracto, d’expérimenter comme dans un laboratoire, de commander derrière un bureau, de vivre dans sa bulle, de communiquer par mode seulement virtuelle. En un mot, d’être hors-sol et de réalité, d’en connaître que ce que prétend en montrer la télé – Lui a fait le voeu de ne plus la regarder depuis 1990.


« Les Salésiens ont le sens concret des choses… », a-t-il mis en avant à Turin le 21 juin, lors d’une rencontre avec la congrégation fondée par Don Bosco. Dans un tout autre cadre mais dans la même veine, il conseillait aux futurs nonces cette semaine ce contact direct avec le pays réel où ils représenteront le Saint-Siège : « Ne pas attendre le terrain prêt, mais à avoir le courage de le labourer avec les mains, sans tracteurs ou d’autres moyens plus efficaces; ne pas pêcher dans les aquariums ou dans les élevages, mais avoir le courage de jeter les filets et les cannes à pêche dans des zones plus sauvages, sans s’adapter à manger des poissons déjà préparés ». Il les a mis en garde contre une « prétendue supériorité du regard qui empêche l’accès à la substance de la réalité ».


Cette réalité substantielle, lui cherche à la toucher directement dans chacune de ses poignées de main et marques d’affection, en croisant le regard de son interlocuteur dans les yeux. A l’exprimer par son verbe illustré d’images évocatrices et d’anecdotes du terrain, au lieu de la froide analyse clinique ou de la langue de bois. Il dépeint sans ambages les travers de son Eglise, quitte parfois à forcer le trait et au risque d’irriter.


Même souci de réalisme à propos d’un sujet aussi délicat que les blessures dans un couple qu’il a décrites à son audience publique du 24 juin jusqu’à évoquer la séparation « parfois inévitable », « parfois même moralement nécessaire, quand il s’agit de protéger le conjoint le plus faible ou les enfants de l’arrogance ou de la violence, de l’exploitation ou de l’indifférence ». Deux mois plus tôt, il avait à l’inverse dénoncé le mal fait « aux enfants (qui) paient également le prix d’unions immatures et de séparations irresponsables ».


La réalité, il la cherche au cours de ses voyages aussi, à l’intérieur ou en dehors de l’Italie, en évitant -sauf lors de son déplacement à Strasbourg- que le protocole le restreigne aux circuits officiels balisés. Partir de la réalité implique d’en voir tous les aspects, même les plus éloignés et les moins attirants : d’où son approche désormais bien connue de partir des périphéries, comme s’enfoncer seul, quand il était cardinal-archevêque de Buenos Aires, dans les faubourgs mal famés.


Ceci exige aussi de diversifier ses contacts, de croiser ses sources. Pour comprendre un conflit dans toute sa complexité, le pape François ne s’en tient pas à l’analyse de la Secrétairerie d’Etat, aussi documentée soit-elle. Il sonde l’avis d’autres observateurs. Les académies pontificales des sciences et des sciences sociales, dirigées par un compatriote proche du pape, Mgr Sanchez Sorondo, n’hésitent pas ouvrir large le spectre de leurs interlocuteurs. L’encyclique porte la marque de cette ouverture par la diversité des références, tirées notamment des travaux de conférences épiscopales de tous les continents.


Embrasser la réalité implique de ne pas se limiter, le nez sur le guidon, à une partie d’un problème à l’instant T mais de l’apprécier dans son entièreté et dans la durée. Deux autres principes généraux inséparables chers au pape, qu’il avait exposés dans son exhortation Evangelii gaudium et qu’il emploie dans l’encyclique, sont que le « tout est supérieur à la partie » et que « le temps est supérieur à l’espace ».


Partir de la réalité ainsi comprise globalement ne signifie pas bien sûr de s’en tenir là, d’en être paralysé. En ce temps d’ordination des prêtres, il est utile de rappeler que le pape François leur conseille sans cesse l’ancrage dans le peuple qu’ils servent – la fameuse « odeur des brebis » à humer – mais tout autant d’être créatifs. L’écoute de la réalité n’empêche pas ensuite d’agir avec créativité, à l’instar de Don Bosco en son temps auprès des jeunes désoeuvrés. C’est le défi de tout prêtre, du pape comme de toute son Eglise. De sa diplomatie pour éviter la seule Realpolitik. Ce sera aussi bientôt le défi posé aux pères synodaux face aux familles d’aujourd’hui.

http://rome-vatican.blogs.la-croix.com/un-pape-sans-tele-dans-la-realite/2015/06/26/?xtor=EPR-9-[1300867208]

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