Sauf rares exceptions, partout dans le monde, et encore plus au Moyen-Orient, la dimension religieuse s’immisce dans les conflits armés, soit directement pour les justifier, soit pour les excuser dans un mécanisme un peu complexe où la religion vient laver l’affront fait à Dieu de tant de morts humaines. Dans les deux cas, les responsables religieux s’en offensent car il s’agit d’une trahison de leur foi. Plutôt que de tenter d’exclure, sans doute vainement, le propos religieux du champ de l’actualité, mieux vaut-il au contraire le réhabiliter en exigeant de lui qu’il nourrisse le débat, permettant à chacun de reconnaître le bon usage de la religion. C’est ce que voudraient les pouvoirs publics en France. Les responsables religieux sont alors en droit de leur retourner la question : quel espace est donné à l’enseignement proprement religieux, non pas seulement celui des faits, mais des idées ? Or, celles-ci sont le cœur du sujet. Car en théologie, comme ailleurs, toutes les idées n’enclenchent pas forcément une dynamique pour un dialogue fécond. Pas sûr que notre République très laïque ose ouvrir ce dossier, qui pourrait devenir un nouveau front.