« Voici venue la plénitude des temps ; Dieu a envoyé son Fils sur la terre. » L’antienne de la messe traverse le ciel de mes croyances à la vitesse d’un météore et
heurte de plein fouet mon expérience du temps et de l’histoire ! Demain, les informations continueront de charrier, via nos écrans, leurs flots boueux de mauvaises nouvelles
comme si rien ne s’était passé…
Je m’interroge : de quel événement l’Église va-t-elle faire mémoire en célébrant Noël ? Impossible de dissocier cet épisode de la trajectoire de Jésus remontant vers sa
Source. Le Grain semé en Marie a grandi, souffert, a été enseveli. Il est ressuscité des morts, son incarnation se prolonge dans la gloire du Père. Dans une homélie rédigée pour
l’Ascension, Christian de Chergé notait : « Jésus prend son essor, et avec lui notre chair, notre humanité. Elle traverse le voile de la condition terrestre. La voici
qui découvre le mouvement qui la fait naître d’en haut […]. “Ah si tu déchirais les cieux !” Les cieux sont déchirés pour que l’homme y monte. »
Passionnée de montagne, je songe à l’exploit réalisé en 1953 par le sherpa Tenzing Norgay et Edmund Hillary. Leur ascension du mont Everest n’a pas modifié le paysage, mais ils
ont ouvert une voie ; le rêve fou d’atteindre ce sommet culminant à 8 848 mètres devenait enfin réalité.
Aventuriers de Dieu, nous pouvons désormais emprunter le chemin qui conduit au Père.
En Christ, premier de cordée, le Salut fait brèche dans le monde. Sous les espèces du temps, la vie éternelle est vraiment commencée !
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