Les sans papiers -Paroles et musique Jean-Raphaël Mickaël Berreby

Ils ont fui la misère, la prison et la guerre
Le soleil et les rires au risque d'en mourir.
Ils ont marché longtemps pour atteindre la paix
Promise à ceux qui rêvent de fraternité
Mais il fallut très tôt se cacher, avoir faim
Pour pouvoir échapper aux ruses du destin.
Les sans papiers s'enlacent au fond d'une cachette
Et les années qui passent accumulent leur dette.
On soupçonne l'intrus d'un crime épouvantable
Celui d'avoir voulu survivre à l'invivable
Son allure inquiétante contrarie les bourgeois
Il dévale la pente d'une douteuse voie.
D'ailleurs qu'a-t-il à faire au milieu des gens biens,
Avec son drôle d'air qui ne ressemble à rien ?
Il est un sans-papiers : c'est grave, vous savez.
Car pour poser ses pieds sur nos riches pavés,
il faut vivre debout. Il faut bien se laver.
Il faut avoir des sous. Il faut avoir mangé.

Ce matin de décembre il était allongé
Prisonnier de ses membres sans pouvoir les bouger.
Je le prends dans mes bras pour réchauffer son corps
Je le couvre d'un drap, mais il est déjà mort.
Chez lui dans son village on ne sait rien encore
De ce curieux naufrage que font ceux qui ont tort
D'être nés dans le sable ou derrière des grilles
De manger sous la table, sans parents, ni amis.
Qu'importe l'inconnu qui n'avait pas d'adresse
Il repartira nu coincé dans une caisse.
Au gendarme zélé qui voulait vérifier
Il aurait dû nier qu'il était sans papiers.

Paroles et musique Jean-Raphaël Mickaël Berreby