ON N’ÉDULCORE PAS L’ÉVANGILE !

https://lille.catholique.fr/on-nedulcore-pas-levangile/

ON N’ÉDULCORE PAS L’ÉVANGILE !

Si l’on regarde notre vie quotidienne, la vigilance aux édulcorants progresse.
Mais encore trop lentement.
L’Organisation Mondiale de la Santé alerte.
Il y a un véritable enjeu de santé publique jamais achevé.

Alors, je vous le demande, pourquoi édulcorer l’évangile ? L’évangile est l’évangile !
Un jeune me partageait récemment :
« Si je suis venu vers l’Eglise, c’est pour qu’elle me donne Jésus ».
La petite Thérèse de Lisieux n’en disait pas moins : « Seul l’abandon me livre en tes bras, Ô Jésus »
La soif catéchuménale, en ce moment fort perceptible dans nos diocèses, témoigne de ce désir.
Cette soif est grande d’absolu. La traversée actuelle de vie humaine est décisive. Nous le mesurons.

L’Eglise que nous essayons d’être n’a ni à fantasmer la quête existentielle et spirituelle ;  ni à la raboter.
Nous ne sommes pas en effet une gnose entraînant les gens dans d’interminables circonlocutions.
Nous ne sommes pas davantage un club rendant « douceâtre » la proposition chrétienne.
Le théologien Henri de Lubac disait : « L’amour divin est tout autre chose que fade harmonie ».
La tentation d’édulcorer l’évangile est diabolique.
Elle se drape de la « bonne intention » d’attirer à Jésus.
Mais elle ne livre qu’un ersatz du Nazaréen.
Jésus est venu à l’homme, afin que l’homme vive de Lui.
L’actualité le démontre chaque jour : édulcorer l’évangile, c’est rendre insipide le regard que pose la foi sur les enjeux cruciaux.
J’espère que ce Carême vous offre la saisissante et ineffable expérience d’être aimés de Jésus.
En n’édulcorant pas l’évangile, on découvre à quel point il n’atténue rien du réel vécu.
Jésus n’est pas un anesthésiste.
Mais la relation au Christ transforme la manière de voir ce réel, afin de l’habiter, le prier, le féconder, le fraterniser.
« Je veux bien que certaines âmes vous aiment, disait à Dieu Charles de Foucauld. Cependant, je crois qu’il manque quelque chose à leur amour ».
Je nous souhaite un Carême qui ne lisse pas le message christique. Mais qui nous donne d’entrevoir ce qui est tiédeur dans notre amour envers Dieu et nos frères.

Édulcorer l’évangile laisserait penser que tout se vaut, que « tout est raccord » avec une espérance vidée de sa substance.
La conscience du chrétien est un sanctuaire.
Il doit s’y tenir éveillé !
Seigneur, dis-nous ce qui manque à notre amour…

Mgr Bernard Podvin
Missionnaire de la Miséricorde