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Mgr Laurent Ulrich officiellement installé comme archevêque de Paris
Devant Notre-Dame, puis dans la cathédrale avant de célébrer la messe d’accueil à l’église Saint-Sulpice, Mgr Laurent Ulrich a fait ses premiers pas d’archevêque de Paris ce lundi 23 mai 2022
Publié le 24/05/2022 à 14:12
La Ville Lumière est désormais dotée d’un nouvel archevêque. Plusieurs mois après la démission de Mgr Michel Aupetit, le pape François avait pris la décision le 26 avril de nommer Mgr Laurent Ulrich à la tête du diocèse de Paris. L’installation de Mgr Ulrich s’est déroulée lundi 23 mai à 16 heures, d’abord sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, où il a célébré les Vêpres devant une reproduction de la statue de la Vierge du pilier de Notre-Dame.
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Temps de recueillement dans Notre-Dame
Au cours de la célébration a été lue la bulle pontificale nommant le nouvel arrivant 142èmearchevêque de Paris, après quatorze années à la tête du diocèse de Lille : la crosse qui symbolise ce rôle de berger des catholiques parisiens est donc passée à ce moment-là des mains de Mgr Georges Pontier, qui avait assuré la période transitoire en tant qu’administrateur apostolique, à son remplaçant. Mgr Ulrich est ensuite entré dans la cathédrale où il a pu se recueillir en très petit comité, malgré les travaux de restauration qui font suite au grave incendie qu’elle a connu, et qui empêchent que la messe d’accueil du nouvel archevêque y soit célébrée, comme le veut la tradition.
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Soyons en communion
En ce moment exact, nous sommes dans la joie de cet accueil liturgique car le Seigneur, par le ministère du pape François, a donné un pasteur à l’Eglise qui est à Paris, mais nous n’oublions pas la peine de ceux qui, à travers le monde, affrontent les douleurs de la guerre et du terrorisme. Nous prions en communion avec eux et pour eux, certains de ces frères sont représentés parmi nous ce soir. Sans oublier non plus la peine de vous, diocésains de Paris, marqués par le départ subit de mon prédécesseur Mgr Michel Aupetit à qui je dis mon estime et mon amitié. Sans oublier encore que, si nous sommes dans cette église, c’est parce que notre cathédrale Notre-Dame a été gravement blessée il y a trois ans, créant une émotion intense à Paris, en France et dans le monde entier. Je salue tout le peuple de Paris qui a ressenti cette blessure avec infiniment de tristesse mais aussi avec l’immense fierté de se savoir mystérieusement et universellement soutenu.
Cette reconnaissance peut légitimement être attribuée au symbole que porte en lui cet édifice, à l’attrait qu’il exerce sur des foules innombrables. Mais il y a plus encore : ce que nous avons vu, c’est l’intensité d’une prière mêlée au drame qui se déroulait sous nos yeux. Je suis bien certain que beaucoup d’hommes et de femmes, qui ne prient pas comme nous, je veux dire à la manière catholique de prier ou qui ne prient pas souvent voire jamais, des hommes et des femmes qui n’ont pas trouvé d’autres mots pour témoigner de leur communion que ceux d’une prière tellement spontanée.
Accueillons l'esprit de vérité
Et puisque nous sommes à quelques jours de la Pentecôte, nous recevons comme une bonne nouvelle l’annonce que Jésus fait et qui prolonge son heure jusqu’à aujourd’hui et jusqu’à la fin des temps. L’annonce du Défenseur, l’avocat, l’esprit de vérité. Evidemment, il ne s’agit pas de la vérité scientifiquement démontrée, mais de la Vérité qui concerne le mystère de la relation de l’homme et de Dieu en la personne du Christ. De cette Vérité qui se dévoile quand des hommes et des femmes se donnent entièrement au service des autres, et des plus précaires en particulier. Quand chacun accepte de céder le pas et de reconnaître à la manière de Jésus les autres supérieurs à soi-même. « Quand nous comprenons que nous ne sommes pas les auteurs de notre vie mais qu’elle vient d’un amour premier, la conscience d’une origine commune, d’une appartenance mutuelle et d’un avenir partagé par tous est nécessaire », a écrit le pape François dans sa récente encyclique Fratelli tutti. Ce Défenseur fait sans cesse ce travail en nous, même si nous ne l’apercevons pas toujours.
Nous en serons témoins dans la démarche de près de 500 adultes du diocèse de Paris qui seront confirmés ici même, et de milliers d’autres dans les cathédrales de France, lors des célébrations de Pentecôte. Des hommes et des femmes de tous âges et de toutes conditions qui ont appris ou redécouvert qu’ils ne sont pas perdus dans leur solitude, leur angoisse ou leur contradiction mais sauvés par Celui qui se donne à tous : le Christ vivant. Accueillons donc l’esprit de vérité qui guide notre marche, qui prend soin de notre monde, qui maintient en vie au milieu des heurts et des malheurs. Ainsi l’a-t-il fait au début de la prédiction évangélique pour Paul et ses compagnons dans ce passage du livre des Actes des Apôtres que nous avons entendu : nous y voyons ce petit groupe, peut-être même ce tout petit groupe, répondant à un appel inattendu, puisque Paul a dû affronter, dans les lignes qui précédent notre récit d’aujourd’hui, refus et même une lapidation où il a été laissé pour mort. Il s’interroge sur sa mission, il se demande ce qu’il doit faire et comprend que Dieu et les hommes l’attendent ailleurs. Invités à se jeter à l’eau, les voici qui accostent en Macédoine, c’est-à-dire eu Europe pour la première fois. Destin impressionnant qui va lier pour tant de siècles le christianisme et notre continent.
Peut-être à l’excès puisque la foi chrétienne sera tellement assimilée à nos mœurs, à nos cultures qu’elle donnera aussi un témoignage de domination du monde et provoquera les rejets que l’on connaît dans les périodes modernes et contemporaines. Nous assumons cela, qui est le fait de la tentation humaine de dominer mais nous restons aussi admiratifs de l’œuvre de l’Esprit, de l’Esprit Saint. A travers l’histoire des hommes, nous comprenons aussi que c’est Lui qui inspire à l’Eglise le désir de l’unité des chrétiens que l’histoire a divisé. Nous comprenons que c’est Lui qui souffle sur ces églises quand elles cherchent les voies pour la paix des peuples. Quand elles soutiennent les efforts d’une union entre nos peuples qui respectent leurs différences et leurs cultures. Quand elles prônent avec les derniers papes, et en particulier le pape François, que l’unité prévaut sur le conflit. Surtout quand elles savent qu’il vaut mieux construire que d’encourager la défiance et que le temps est supérieur à l’espace : faire naître et laisser se développer des processus vertueux en matière de comportements pacifiques et d’écologie intégrale, celles qui respectent les plus fragiles autant que la nature, là se trouve la racine de projets justes pour notre continent. Nous ne nous sommes pas égarés loin de notre actualité ni loin de notre Ecriture, ce sont quelques personnes de l’entourage de l’apôtre Paul et les gens de la maison de Lydie qui ont posé cet acte de foi et d’espérance que nous pouvons prendre 20 siècles plus tard à notre compte.
La messe a donc eu lieu à Saint-Sulpice, qui remplace généralement la cathédrale Notre-Dame de Paris pour les célébrations officielles et importantes. Les fidèles qui n’ont pas pu accéder à l’intérieur de l’église ont pu suivre la messe depuis le parvis, grâce aux écrans géants installés pour l’occasion. Dans l’édifice, on pouvait rencontrer des personnalités officielles, comme le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, la maire de Paris Anne Hidalgo, la maire du 7ème arrondissement Rachida Dati, la présidente de la région Valérie Pécresse, ainsi que le recteur de la grande mosquée de Paris, les représentants des délégations orthodoxes et protestantes, ou encore Jean-Marc Sauvé, président de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase). Plus discrète, Jocelyne Hamel, sœur du prêtre assassiné par un islamiste alors qu’il célébrait la messe, a assisté elle aussi à la cérémonie.
Les premières confidences de Mgr Ulrich nommé nouvel archevêque de Paris
A la suite de ses prédécesseurs et des saints parisiens
Lors de sa première homélie, le nouvel archevêque de Paris a tenu à saluer le riche héritage que lui ont laissé ses prédécesseurs, Mgr Lustiger, le cardinal Vingt-Trois (présent à cette messe malgré ses problèmes de santé) et Mgr Aupetit, à qui il a tenu à rappeler son amitié. Dressant un tour d’horizon des différents chantiers dont il a la charge dès son investiture, il a mentionné celui de Notre-Dame, mais aussi l’importance de poursuivre la lutte contre les abus sexuels et pour la prise en charge des victimes, dans le but « de restaurer la confiance ». Mgr Ulrich a aussi insisté sur sa volonté de défendre « les comportements pacifiques et l’écologie intégrale, celle qui respecte les plus faibles et les plus fragiles autant que la nature », avant de conclure que tout ceci « n’est pas un programme, mais une attitude ». Pour la garantir, le nouvel archevêque de la capitale n’a pas manqué de demander d’intercéder pour lui à ses nouveaux saints patrons, sainte Geneviève et saint Denis.
