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Avant Pâques, méditez les 14 stations du chemin de Croix avec Vincent Gelot, humanitaire français, et Diego Ibarra Sanchez, photojournaliste. Les deux jeunes hommes vivent au Liban et vous feront découvrir ce pays meurtri en mêlant leurs mots et leurs images.

Mis à jour le 15 avril 2022 à 12:09

Publié le 12 avril 2022 à 1:57

Avant le chemin

Les chemins d’Orient
Sont des chemins de croix
Qu’il m’a fallu parfois emprunter
Il n’y avait pas d’icônes dorées
Ni de lyrisme oriental
Le long de ces calvaires
Pas de poésie non plus
On ne voyait que la réalité
Brute
Douloureuse
Contemporaine
Car sur cette terre
Couronnée d’épines
La lumière et les ténèbres
Les miasmes et les parfums
Les chants sacrés les chants de haine
Se mêlent
sans filtre ni détour
Sous le ciel immense de Dieu

Mais la pluie tombe sur l’Orient
Comme des larmes sur un visage
Et tout son peuple attend
que l’orage passe
Comme une résurrection
Qui ne vient pas.

Des scouts libanais nettoient la forêt d’Hammana des cartouches usagées laissées par des chasseurs, en novembre 2019. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 1 : Jésus est condamné à mort

Les chemins d’Orient. Sont des chemins de Dieu. C’est là que je l’ai vu. Sur les portes de Mossoul. Le signe de son Nom. À Beyrouth, j’ai entendu. La détresse de son peuple. Et à Damas, son silence. Ponce Pilate régnait. Sur les palais présidentiels. Les pharisiens prêchaient. Dans le Temple des religions. Et Barabbas hantait les rues. L’arme à la main. Sur la route des ruines. L’encens des villes millénaires. Avait une odeur de poudre. Et de sang.


Les chemins d’Orient. Sont des chemins de croix. Et dans leurs bas-côtés. Les enfants ramassent. Des cadavres de balles.

 

Ces manifestants devant le Parlement libanais, en août 2020, dénonçaient l’incurie de leur gouvernement. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 2 : Jésus est chargé de sa croix

Sommes-nous à Jérusalem. À Bagdad, dans les souks d’Alep. Ou le port de Beyrouth ? Peu importe le lieu. Peu importe l’époque. Ce sont toujours les mêmes visages. Les mêmes cris. Des printemps avortés. Le désespoir, la haine, la colère. Guidant le peuple. Au Golgotha. Ce même peuple qui hurlait : « Qu’on le crucifie ! Qu’on le crucifie ! » Cette foule. Fait-elle tomber les murs ? Pour en bâtir d’encore plus hauts. Pour se venger. Pour donner un avenir à ses enfants. Pour s’arracher à son fardeau. Qui croit-elle vraiment sauver ?

Dans la fureur et le chaos. Elle seule demeure. Comme une certitude. La croix.

Pour les Libanais déjà éprouvés par la crise économique, l’explosion du port de Beyrouth a encore nourri la contestation à l’égard d’une classe dirigeante jugée corrompue et incompétente. © D. Ibarra Sanchez

Station 3 : Jésus tombe sous le poids de sa croix

Les chemins d’Orient. Sont des chemins de peine. Mais ce n’est pas de la peine. Ni de la peur. C’est de l’effroi. Qui incendie les yeux. De l’homme qui tombe. Pour la première fois.

Ce regard. C’est le regard du corps souffrant. Du Christ. Celui de l’Orient. Que chaque nouveau coup. Chaque nouvelle guerre. Ramène à la première chute. De celui qui supplia le ciel. « Père ! sauve-moi de cette heure ! »

Allons relève-toi. Et marche. Il te faut vivre encore.

Fuyant les combats dans leur pays, cette mère syrienne et son enfant, comme tant d’autres, ont trouvé refuge au nord du Liban, en novembre 2017. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 4 : Jésus rencontre sa mère

Des décombres de Damas. Aux ruines de Sanaa. Des sables de Ninive. Aux murs de Jérusalem. Les chemins d’Orient. Sont criants. De silences cruels.

Voyez Marie. Mère de toutes les mères. Madone de nos douleurs. Et gardienne de notre espérance. Avec l’humanité, elle souffre. Son cœur saigne. Autant que son fils.

Approchez-vous. Pour l’entendre tout bas. Car ses yeux sont sans pleurs. Et sa bouche est sans voix. L’Évangile dit peu l’étendue. De ses maux. Nul langage ne peut l’écrire. Rien n’est à sa mesure. Même le silence. Crie dans la nuit.

Sœur Georgette et des réfugiés syriens dans un dispensaire chrétien au Liban, en juillet 2015. © D. Ibarra Sanchez pour Le Pèlerin

Station 5 : Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix

Au milieu des ténèbres, Ils sont une lueur. Une main tendue. Vers la détresse. Un phare. Dans l’insondable nuit.

Des hommes et des femmes. Des anciens et des plus jeunes. Ces saints du quotidien. Ces inconnus au cœur immense. Qui par leur dévouement. Leur amour. Leur présence. Soutiennent la croix des autres. Sans question ni jugement. Sans bruit. Dans l’effort et la joie. Dans la fatigue et la douleur. Combien de fois n’ont-ils pas. Failli chuter ou renoncer ?

Dans notre marche. Où chaque pas est une prière. N’oublions pas. Les silencieux disciples. De Simon de Cyrène. Ils portent l’Orient et le monde. À bout de bras.

Une famille victime de l’explosion du port de Beyrouth, le 4 août 2020, s’enlace lors d’une cérémonie du souvenir, en février 2021. © D. Ibarra Sanchez/Getty images/AFP

Station 6 : Véronique essuie la face de Jésus

Parmi les plaintes et les ombres. Entre les coups et les crachats. Il en est comme Véronique. Que la tendresse guide. Pour consoler un supplicié. Que le courage soutient. Pour braver des hommes en armes. Que la bonté éclaire. Pour laver le visage de Dieu.

Ce visage. C’est celui de l’Orient. Meurtri, humilié, souffrant. Abandonné. Et ses nombreuses plaies. Sont si profondes. Que rien. Sinon l’Amour. N’arrive à les panser.

À Jalalabad, en Afghanistan, faute de structures de soins adaptées, des malades mentaux, comme cet homme, se retrouvent enchaînés (octobre 2011). © D. Ibarra Sanchez/ New York Times

Station 7 : Jésus tombe pour la deuxième fois

Du sang. De la poussière. La vue se brouille. Tout est allé si vite. Hier on célébrait ton entrée. À Jérusalem. Tu rompais le pain avec tes amis. On t’appelait Rabbi. Aujourd’hui tu es seul. À trébucher dans les abîmes.

Et toi aussi mon bel Orient. Terre d’Évangile et de prophètes. Ton âge d’or s’il en fut un. Est derrière toi. Ton corps est pris dans une spirale. Qui l’aspire vers le fond. Et s’il se relève. Ce n’est que pour chuter encore. Tu es comme un damné. Sur un chemin de croix. Qui marche à l’envers. Chaque pas semble t’éloigner. Contre toute espérance. De la résurrection.

Mère et fils se réconfortant lors d’une manifestation des familles de victimes de l’explosion du port de Beyrouth, en août 2020. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 8 : Jésus console les filles de Jérusalem

Vous qui voyez l’Orient de loin. Ou de très près. Et qui l’accompagnez. Avec vos larmes. Et vos prières. Vous êtes sa consolation.

Vous qui soignez le corps blessé. De l’être aimé. En lui offrant un peu de vous. Vous allégez la croix du monde.

Vous qui souffrez. Dans la solitude et l’indifférence. Séchez vos larmes. Car tout au long du chemin. Et jusqu’au bout. La présence invisible de Dieu. Comme un ami. Réparera vos cœurs.

Ce Libanais, comme de nombreux autres frappés par la crise, se voit contraint de dormir dans sa voiture (septembre 2021). © D. Ibarra Sanchez/ New York Times

Station 9 : Jésus tombe pour la troisième fois

À trop tomber on se demande. S’il faut encore se relever. Sur une terre où les ancêtres. Les attaches. Les souvenirs. L’espérance même. Ne suffisent plus. Depuis deux millénaires. A-t-on encore la force de porter. Sur la terre du Christ. Le poids de son incarnation ?

Quand le chemin de croix. Ne finit pas. Et qu’on ne trouve plus de sens. À la souffrance. À sa présence. Qu’un autre avenir. Comme une Terre promise. Appelle ailleurs. Pourquoi rester ?

Sur les chemins d’Orient. L’exil est une déchirure. Partir c’est mourir un peu.

Dans les rues de Beyrouth, en octobre 2021, les manifestants laissent éclater leur colère contre le pouvoir corrompu. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 10 : Jésus est dépouillé de ses vêtements

Te voilà nu. Comme cet homme au poing levé. Comme au premier jour. Dépouillé par la cupidité. De ceux-là mêmes. Qui devraient le protéger.

Te voilà nu. Et tes plaies sont à vif. Tu te mets debout. Mais la douleur et l’impuissance. T’accablent.

Te voilà nu face à tes regrets. Et aux interrogations. De ton âme. Qui ne sait plus où elle va. Ni qui elle est.

Sans conversion. Se révolter ne sert à rien. Car cet Orient-là, ce monde-là. Qui se dépouille lui-même. Parce qu’il ne veut pas mourir. Ne peut pas renaître.

Sur fond de coucher de soleil, un pigeon prend son envol dans un camp de réfugiés de la plaine de la Beeka, au Liban (juillet 2015). © D. Ibarra Sanchez pour Le Pèlerin

Station 11 : Jésus est attaché à la croix

Les chemins d’Orient. Sont baignés par le soleil. Mais déjà le crépuscule descend.

Beaucoup sont partis. Vers d’autres lieux. D’autres chemins d’autres calvaires. Il ne reste que les bourreaux. Et l’anonyme foule. Que l’on crucifie à petit feu. Dont une poignée demeure. Sur la Terre sainte où ils sont nés. Pour vivre et témoigner. Jusqu’au dernier martyr. Pour les autres. Ceux qui n’ont plus la force. D’aucuns soupirent parfois. Tant qu’un rayon de soleil brûle. Encore. Pourvu qu’on en finisse. Vite.

Cette chambre vide de l’hôpital Saint-Georges, à Beyrouth, endommagé par l’explosion du port en août 2020 et en manque de matériel et de médicaments, symbolise le dénuement des services de soins libanais. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 12 : Jésus meurt sur la croix

Les chemins d’Orient. Sont des chemins d’étoiles.

C’est le jour. Et pourtant il fait nuit. Le sol tremble. Comme un soir de 4 août. À travers les ténèbres. Et le ricanement des bourreaux. Un cri déchire le ciel. « Éli, Éli, lema sabactani ? »

Cet appel c’est celui de l’Orient. Transpercé désespéré oublié. Avant d’avoir rendu. Son dernier souffle. C’est la nuit. Dieu paraît absent. Mais dans l’absence. Une voix a parlé. « Vraiment, c’était le Fils de Dieu ! ». Cette voix du centurion. Qui dit tout. Qui sauve tout. Donne une raison d’y croire. Et de ne pas sombrer.

Ces femmes yézidies se pressent autour d’une source d’eau bénite au cœur du temple de Lalish, dans le nord de l’Irak. © D. Ibarra Sanchez

Station 13 : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère

Les chemins d’Orient. Sont des chemins de larmes. Et de femmes en deuil.

Ô Marie. Mère vénérée. Par le croissant et par la croix. Combien de pietà ont après toi. Dans le même linceul. Soutenu l’insoutenable. Combien ont après toi. Serré le corps sans vie. De leur enfant. Liban, Irak, Yémen, Syrie, Égypte, Turquie, Iran, Israël, Palestine, Arménie, Afghanistan. Maintenant l’Ukraine.

Combien les chemins d’Orient. Sont des chemins de larmes. Où les femmes sont voilées. D’un linceul de deuil.

 

 

 
Le 9 août 2020, funérailles d’une des victimes de l’explosion du port de Beyrouth. © D. Ibarra Sanchez/The New York Times-Redux-Rea

Station 14 : Jésus est mis dans le sépulcre

Les chemins d’Orient. Sont des chemins de croix. Qui s’achèvent au tombeau.

C’est là que notre marche. Avec son cortège de larmes et de souffrance prend fin. Mais le sépulcre. N’est pas la fin du voyage. C’est un nouveau départ. Vers un lumineux mystère. Où la mort n’a pas le dernier mot. Car les chemins d’Orient. Sont des chemins de rédemption. Qu’il faut traverser en prophète. Pour toucher la lumière. « Nul ne peut atteindre l’aube. Sans passer par le chemin de la nuit ». Nous dit Khalil Gibran.

Voyez l’aurore approche. L’orage est passé. C’est la résurrection qui vient.

>>> À lire aussi sur lepelerin.com : Pâques dans l’Évangile

 

 

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