Dimanche 4 Août 2019 18ème Dimanche du T.O. (C)

Qohèleth 1,2 ; 2,21-23                            

PSAUME – 89 (90)                                                     

Paul aux Colossiens 3,1-5.9-11                        

Saint Luc 12, 13 – 21

« Là où est votre trésor, là aussi sera votre coeur ».

Une fois de plus l’actualité de la semaine nous a apporté son lot de soucis,de rumeurs, d’espoirs, de souffrances, de joies. L’humanité nous semble, parfois, prête à tous les rêves. Et parfois nous la voyons perdre coeur, s’épuiser dans sa quête de bonheur...
    

« On est foutu, on mange trop! » Vous connaissez la chanson peut-être? La phrase à la fois lancinante, ironique et sérieuse, nous agace, nous fait sourire, mais peut-être nous interroge.

Aujourd’hui, Jésus met en scène un brave homme, un brave homme comme vous et moi ; Il est plein, il est plus que plein, il va éclater ! Repu, il a comblé tous les vides et pas encore satisfait, il en cherche d’autres. C’est l’homme bouche-trou, l’homme congélateur, coffre de banque, comblé d’actions, d’obligations, d’emprunts d’Etat. A l’abri de tout. Il se croit à l’abri de tous, le fou ! Comme si on pouvait tout connaître ! Tout avoir,  tout posséder ! Et voilà qu’à la porte du «manque de rien » surgit la silhouette du « manque de tout »!

Dieu parfois prend le masque du Manque. Quand nous sommes pleins de notre suffisance....

«Ce que tu auras accumulé, qui l’aura ?»

Qu'est-ce qui est important dans notre vie ? Quelles sont nos richesses ?
Voilà les questions directes qui vont nous être posées par la Parole de Dieu.                                              Préparons nos cœurs à accueillir les exigences de cette Parole.                                                                           N'est-elle pas le trésor que Dieu nous a confié pour que nous le fassions fructifier ?

“Gérants”, voilà un mot qui nous rappelle d’autres paraboles de l’évangile, les paroles où Jésus insiste sur le sérieux que nous devons accorder à la gérance des biens que le maître nous laisse.

Surgit alors une question : aujourd’hui, en ce début de ce 3e millénaire, alors que partout on parle de mondialisation, comment allons-nous gérer notre planète ? Car finalement c’est de cela qu’il s’agit. Nous voilà donc projetés, par la force des choses, bien au-delà de nos petits calculs mesquins et de nos petits intérêts personnels ou familiaux à sauvegarder. Face à tous les problèmes qui émergent et que nous ne pouvons ignorer...réchauffement de la planète, génétique et clonage, éthique, santé pour tous, développement harmonieux de l’ensemble de l’humanité, partage des biens, croissance,… notre responsabilité de citoyens du monde et de chrétiens est en jeu.

Ce qui nous est demandé c’est de gérer le bien de toute l’humanité et non de nous enrichir personnellement. Car l’enrichissement des uns se fait toujours (!) au détriment des autres. La gloutonnerie des uns affame les autres, la pollution des uns empeste les autres…

Ne nous déchargeons pas trop vite sur les “politiques” car, dans ce réseau d’interdépendance, chacun de nous, si petit soit-il, à son rôle à jouer. Je ne suis pas ici donneur de leçons ou de conseils, rappelez-vous seulement certains flashes télévisés sur le “gaspi” et l’économie d’énergie, pensez à ces “banques alternatives” qui privilégient les investissements pour le développement plutôt que l’accumulation et l’accroissement de nos avoirs en Bourse…

......Ce texte de St Basile écrit au VIe siècle garde toute sa valeur pour aujourd’hui :
“Disperse ta richesse, tu la conserveras. Essaie de la retenir, elle glissera dans d’autres mains.           Si tu la gardes, tu ne l’auras pas. Si tu la répands, tu ne la perdras pas…C’est en intendant et non en jouisseur qu’il faut user de la richesse ; les esprits sensés devraient s’en convaincre et rester, en l’abandonnant, aussi sereins que s’ils rendaient le bien d’autrui, au lieu de s’affliger comme s’ils perdaient leur propre fortune.”

Cela suppose évidemment une certaine vision du monde, de notre destinée, cela exige que nous ne limitions pas notre horizon aux seules choses de la terre, si valables soient-elles mais progressions, par toute notre vie, dans notre vocation filiale et fraternelle en  Christ dont parle si magnifiquement Paul.

De ce que nous avons fait ou ferons, qu’est-ce qui apparaîtra avec le Christ en pleine gloire ?                Comment, concrètement construirons-nous, revêtirons-nous progressivement l’homme nouveau digne     du Christ, afin qu’en nous il soit tout ?              

(N. Dame des 3 Vallées)