Le Jour du Seigneur - 26 Mai 2016
La beauté nous parle de Dieu
Fr. Yves Combeau o.p. |
Dieu a cent façons de se faire connaître. Il peut se faire connaître par la parole. Il l’a beaucoup fait. Et réciproquement, nous comptons beaucoup sur la parole pour connaître Dieu : sur la Bible, les sermons, les réflexions, les enseignements, les théories, les raisonnements… Nous (surtout nous, les chrétiens occidentaux) sommes des hommes et des femmes du verbe, de la raison, de la parole.
Au point que, la parole résidant dans le cerveau, nous en oublions notre cœur qui, quant à lui, n’emploie pas de mots. Nous en oublions aussi nos sens. Car, comme le cœur, nos sens n’emploient pas de mots. Ils emploient, ils envoient des sensations, fortes ou discrètes, que nous comprenons très bien, sans parole.
Or Dieu peut se faire connaître par d’autres façons que la parole. Dans la Bible, nous le voyons utiliser le feu et le vent, l’eau, le soleil, la nuit, le silence, le murmure, le cri, la splendeur et le battement de cœur, la couleur, l’odeur, la faim, la soif, l’amour (et si l’amour pouvait se réduire aux mots, nous le saurions). Il faut donc que nous prêtions attention à ce langage de Dieu. Un geste dit Dieu ; un rayon de soleil, une forme harmonieuse, une odeur agréable, l’harmonie et la cadence d’un chant. Écoutons donc ce langage sans mots.
Il est cent façons de parler de Dieu. Les artistes, musiciens, peintres, sculpteurs, architectes, parlent de Dieu en s’adressant à nos sens, à notre sensibilité, enfin à notre cœur, par un langage qui dépasse les mots. Une icône est muette et pourtant elle parle. Une musique est indescriptible et pourtant elle évoque.
Aujourd’hui, des centaines d’artistes en France cherchent à exprimer ce qu’ils sentent et connaissent de Dieu. Des musiciens de toutes traditions, depuis le grand genre symphonique jusqu’au folk intime, une guitare, un micro. Des peintres fouillent le blanc de la toile et y trouvent du gris, de l’opale, de l’or, de la ligne droite, de la courbe, du calme ou du drame.
Cet été verra, comme tous les étés, des festivals d’art sacré. Des concerts, des fêtes. Vous découvrirez des chorales, des expositions, des façons de célébrer la messe — oui, la liturgie aussi doit parler aux sens — qui vous sont peut-être inconnues. Ainsi, ce dimanche, à Amay en Belgique, une messe entièrement nouvelle, la Missa brevis papae Francisci, composée par un jeune musicien.Laissez Dieu s’adresser à vous par ce langage. J’irai plus loin : laissez-vous surprendre. Si vos poils se hérissent, c’est qu’un courant d’air vous a saisis, une sensation nouvelle, une émotion inédite, douce ou âpre, peu importe. Dieu est là, qui veut vous parler, sans les mots mais par les sons, les couleurs, les lignes, le dur, le doux, le brillant, l’humble, par toutes les matières et toutes les sensations du monde, qu’il a créées, lui, le maître de beauté.
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