La chronique de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri – « À tout péché miséricorde ! »
Webmaster 31 janvier 2016
Dans sa chronique du dimanche 31 janvier 2016, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri nous parle du péché. « Dans mon passé de porte-parole des évêques, il m’est souvent arrivé de me retrouver sur un plateau de télévision pour parler de la confession. Dans la plupart des cas très vite l’interview a dévié sur le terrain de la sexualité. »
Les chroniques de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri sont également diffusées toutes les semaines :
• sur les ondes de RCF Alpes Provence
• sur le site internet du journal Le Point
• sur D!CI TV
• sur le site internet du sanctuaire Notre-Dame du Laus
et tous les mois sur KTO dans l’émission À la source.
Bonjour,
Dans mon passé de porte-parole des évêques, il m’est souvent arrivé de me retrouver sur un plateau de télévision pour parler de la confession. Dans la plupart des cas très vite l’interview déviait sur le terrain de la sexualité, comme si parler de la confession, du péché donc, devait inéluctablement conduire à la sexualité. Un peu comme si péché et sexualité étaient synonymes, et que s’ils avaient la conscience tranquille de ce côté-là les chrétiens étaient en paix avec Dieu.
En cette année de la Miséricorde voulue par le pape François, les chrétiens sont invités à ne pas s’enfermer dans cette vision du péché qui masque le champ immense dans lequel peut s’exprimer la réponse négative des hommes à l’attente de Dieu.
En effet, pour un chrétien, le péché est une atteinte à la relation entre Dieu et les hommes, comme une rupture qui vient faire obstacle au don de Dieu pour l’homme. Dans ce cas, le péché n’est pas un vague sentiment de culpabilité pour lequel seul compterait le péché sexuel.
Autrefois on parlait des sept péchés capitaux. On peut lire notamment à ce sujet le livre de Xavier Thévenot Les Péchés. Avec lui, je vous invite à un survol rapide. Prenons, par exemple, le péché contre l’espérance. Eh bien, dit-il « c’est refuser de croire qu’un avenir est possible pour le monde, pour l’autre et pour soi-même ». Et la charité ? Alors là, voilà encore un mot très impopulaire. Pourtant s’il y a une attitude qui est plus que jamais d’actualité, c’est bien celle-là, même si on préfère le mot partage à celui de charité.
Et l’avarice ? On n’en parle plus beaucoup, en dehors de chez Molière. « Toute la société, dit Xavier Thévenot, est basée sur le profit, souvent aux dépens de l’homme. Le mauvais rapport à l’argent est bien une des formes la plus fréquente du péché de notre société. »
Nous vivons dans un monde de consommation où bonheur est égal à « assouvir ses désirs ». Est-ce que, par hasard, il n’y aurait pas là quelque rapport avec ce qu’on appelle, en souriant ironiquement, « la gourmandise » ?
Et la colère ? Ah, ah, peccadille ! direz-vous. Pourtant « la réflexion montre que l’effort moral de l’homme doit passer d’abord par une régulation de la violence et que la plupart des maux du monde viennent d’une acceptation passive ou active de la violence meurtrière réciproque ». Je citait à nouveau le père Xavier Thevenot.
On pourrait aussi parler de la haine, de l’indifférence, de l’injustice, de la jalousie, du désir de vengeance ou de celui de nuire.
Alors, en cette année de la Miséricorde, suffirait-il de ne pas avoir commis de péché sexuel pour se croire en paix avec Dieu ?
C’est la réponse qui vous appartient.
À bientôt.
Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Évêque de Gap et d’Embrun