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12 avril 2015 0

Dans sa chronique du dimanche 12 avril 2015, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri revient sur les drames que l’on transforme sans retenue en spectacles. Avec quelques exemples récents.

Les chroniques de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri sont également diffusées toutes les semaines :

• sur les ondes de RCF Alpes Provence
• sur le site internet du journal Le Point
• sur D!CI TV
• sur le site internet du sanctuaire Notre-Dame du Laus

et tous les mois sur KTO dans l’émission À la source.

La chronique de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri – Du drame au spectacle

Dans sa chronique du dimanche 12 avril 2015, Mgr Jean-Michel di Falco Léandri revient sur les drames que l’on transforme sans retenue en spectacles. Avec quelques exemples récents.

Les chroniques de Mgr Jean-Michel di Falco Léandri sont également diffusées toutes les semaines :

• sur les ondes de RCF Alpes Provence
• sur le site internet du journal Le Point
• sur D!CI TV
• sur le site internet du sanctuaire Notre-Dame du Laus

et tous les mois sur KTO dans l’émission À la source.

Bonjour,

Zoom sur les épines qui rentrent dans son crâne. Focus sur le sang qui s’écoule par les pores de sa peau. On a retrouvé le marteau qui a probablement servi à enfoncer les clous. Il se peut même qu’un passant ait réussi à enregistrer, avec son téléphone, le bruit du marteau tapant sur les clous. Le procurateur romain, Ponce Pilate, ne souhaite pas s’exprimer. Les larmes de cette femme sont d’une beauté picturale telle que la caméra filme cette scène durant de longues secondes. On repasse en boucle ces images d’une mère meurtrie, mélange parfait de douleur, d’innocence et d’injustice qu’incarne cette belle femme aux habits salis par la poussière.

Mais, mais, l’image est coupée d’une manière abrupte. Priorité au direct. Nous avons le moment que l’on attendait avec impatience depuis des heures, les experts annonçaient cela comme une des possibilités des événements à venir, cette fois c’est sûr : le condamné a expiré son dernier souffle. Zoom sur son visage, bandeau spécial avec l’heure exacte de sa mort et infographie du déroulement de la journée.

Quel spectacle ! Et quel professionnalisme ! Quelle analyse et quel commentaire qui nous permettent de comprendre et de savoir tout sur tout. Aucun film de près de 24 heures n’est aussi bien réalisé et suivi de bout en bout par les téléspectateurs. Ces derniers sont d’ailleurs probablement déjà en train d’envoyer des sms ou de poster sur Tweeter ou Facebook la nouvelle qui vient de tomber. Cela se rajoute aux selfies et aux photos des témoins de la scène qui, pour certains, ont été honorés par quelques milliers de Like.

Voici comment les chaînes d’information continue auraient couvert la passion du Christ, drame qui vire au spectacle. Les attentats de début janvier, drame qui vire au spectacle. Les attentats du musée du Bardo, drame qui vire au spectacle. Le crash de l’A320, drame qui vire au spectacle. Je ne cite là que les exemples les plus récents.

Il y a dix ans, dans un livre co-écrit avec Mgr Jean-Charles Descubes, nous soulignions déjà la chose suivante : « Le « direct », l’immédiat et le temps réel s’imposent comme critères d’authenticité et de vérité. […] Ce n’est plus seulement la distance temporelle, mais aussi spatiale qui est modifiée. Personne ne peut rester extérieur à ce qui se passe. […] Un tel processus contrecarre la vocation des médias à maintenir la distance tout en rapprochant de l’événement ou de la personne, objet de l’information. L’image rend l’intervention des médias plus percutante que le récit. L’imaginaire et l’affectivité ne sont plus mobilisés dans la durée et dans la liberté ».

Alors, où s’arrête l’information et où commence le spectacle. L’information s’arrête quand elle met en danger les personnes comme nous l’avons vu lors des appels téléphoniques en direct des otages du musée du Bardo. L’information s’arrête quand elle ne respecte pas la dignité de l’homme, de la femme, du corps. Quand elle nous montre une décapitation ou le corps dénudée d’une personne lapidée. L’information s’arrêteencore quand elle en vient plus informer mais faire de l’audimat en mélangeant spéculation, sang et intimité. L’information s’arrête quand, comme nous l’annonce Le Canard enchaîné, un journaliste est viré car il a osé écrire à son patron que sa chaîne était obsédée par l’audience et qu’elle privilégiait le sensationnel sur l’éthique due à l’information. L’information s’arrête quand elle pourrait être primée aux Oscars.

« La rétention de l’information est une forme de constipation du savoir », disait Théophraste Renaudot, le fondateur de la presse au XVIIe siècle. Aujourd’hui, c’est à mon avis l’excès inverse qu’il dénoncerait : « L’information spectacle est une forme de diarrhée (parfois puante) des médias ».

À bientôt.

Mgr Jean-Michel di Falco Léandri
Évêque de Gap et d’Embrun

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