Octobre, le souffle de la mission ....
Comment Thérèse de Lisieux, la « petite » Thérèse, fêtée le 1er octobre, est-elle devenue patronne des Missions, elle qui mourut si jeune et voyagea si peu ? Probablement la mission est-elle, en tout premier lieu, un cœur ouvert au monde et qui en porte la brûlure. « Le monde est en feu », disait de même l’autre Thérèse, Thérèse d’Avila ou Thérèse de Jésus, également fêtée ce mois-ci (le 15).
« Le monde est en feu […]. Non, mes sœurs, nous ne vivons pas en des temps où l’on puisse parler à Dieu d’affaires de peu d’importance. ». Ces mots, Thérèse d’Avila pourrait les redire à l’identique aujourd’hui. Ce n’est pas, dans un cœur d’apôtre, un cri de peur et de désespoir : c’est la conscience d’une urgence, et un appel. Tel est, au plus profond, le cœur du missionnaire. Le reste en découle, en actes. Comment ne pas évoquer, à la veille de la fête du pape François (4 octobre), celui qui ne cesse d’appeler l’Eglise à partir au large, à donner à connaître au monde, en actes, la miséricorde de Dieu, c’est-à-dire sa tendresse, son amitié, sa proximité pour tout homme ?
Octobre est sous le signe de la mission et nous presse : à prier mais aussi à ouvrir le regard et le cœur. Le synode de la famille (4-25 octobre 2015) est un rendez-vous de Dieu. Et si la Semaine missionnaire mondiale (11-18 octobre 2015) était aussi cela ? Un appel d’abord à la tâche, urgente, de la prière, seuls et ensemble, pour ceux qui nous entourent et sont parfois en attente d’un signe, fût-il discret, de la proximité de Dieu. La prière, suivie d’actes. Une préoccupation à porter, de proche en proche, au plus loin !
La mission est de répondre et d’être présent là où se trouve le rendez-vous de Dieu
P. Jacques Nieuviarts, conseiller éditorial de Prions en Église
Avec le pèlerinage du Rosaire, "la joie de la mission"
En octobre, chaque année depuis 1995, je vais à Lourdes avec mes frères et sœurs dominicains pour le pèlerinage du Rosaire. C’est un peu un miracle, car je n’y étais pas portée naturellement. Mais sans conteste, c’est la foi des gens qui toujours me bouleverse. Ce pèlerinage, national, rassemble autour de 17 000 pèlerins. Il aura cette année pour thème « la joie de la mission ».
A mes yeux, et plus encore lorsqu’on parle de joie, c’est la miséricorde qui est le socle de la mission et son horizon. Jésus, le Fils unique, est le pardon du Père. Avec une équipe de laïcs, frères et sœurs dominicains, nous animons les « Portes ouvertes », où des personnes peuvent venir discuter, poser des fardeaux souvent lourds, sans que cela ne relève spécifiquement du sacrement de réconciliation. C’est cette miséricorde qu’il s’agit sans fin de prêcher, de vivre.
Je me souviens d’une après-midi ensoleillée, où une femme m’avait absolument bouleversée. Je sortais de ce temps d’écoute, à l’heure de la procession eucharistique, portée par des chants très beaux, et j’avais en tête la foule immense de l’Apocalypse, et cette question : « Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où viennent-ils ? "Et moi de répondre : "Monseigneur, c'est toi qui le sais." Il reprit : "Ce sont ceux qui viennent de la grande épreuve : ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'Agneau ." » (Ap 7, 9-14).
Voyant cette longue foule, je pensais aux détenus de ma prison, quittés pour quelques jours, qui auraient eu toute leur place dans cette procession, tant il est vrai que l’Agneau a pris sur lui toutes les blessures, tout le malheur, tous les drames de l’homme, afin que nous en soyons tous blanchis. Il n’y a pas d’homme condamné. Voilà l’unique évangile.
Anne Lécu, religieuse dominicaine